Organiser une session de créativité, c’est avant tout créer un cadre qui permette à chacun et chacune de laisser libre cours à ses idées. Guidez le travail des participants, participantes et spécialistes de l’animation grâce aux valeurs, principes et pratiques qui constituent les ingrédients de base d’une session de créativité réussie.
Contents
Passion
Notre expérience nous a montré que la qualité d’un atelier de créativité dépend de celle de son animateur ou de son animatrice. Mais alors, qu’est-ce qui fait une bonne animation ?
Lorsque vous animez une séance de brainstorming, il est attendu de vous que vous insuffliez votre enthousiasme à votre public.
En tant qu’animateur ou animatrice, votre rôle n’est pas, comme dans l’enseignement, de transmettre des connaissances. Au contraire, votre est tâche est d’accompagner les membres du groupe dans leur cheminement créatif et de les guider vers leur objectif commun. La meilleure façon d’y parvenir est de communiquer votre (propre) passion. Un niveau d’énergie soutenu de votre part permettra aux membres du groupe de rester impliqués et concentrés, et assurera le succès de la session.
Parler de ce qui vous passionne et connecter ces éléments à de nouvelles idées vous permettra de gagner en authenticité, en crédibilité et en sympathie.
Chercher de l’inspiration dans votre expérience, votre formation ou vos loisirs n’est pas la seule façon d’animer un atelier de créativité. Vous aimez travailler avec les autres et les voir atteindre leurs objectifs ? Vous êtes fascinée par la façon dont l’innovation se concrétise ? Vous êtes passionné par le projet sur lequel vous travaillez avec vos équipes ? Commencez par vous demander pourquoi vous animez cette session et partez de là.
Conseils
pour communiquer votre enthousiasme
- Racontez vos propres anecdotes au sujet de la créativité : il n’y a pas de meilleur moyen de conquérir le cœur, de capter l’attention et de libérer l’énergie créative de votre public.
- Intégrez votre propre expérience et expertise dans les exercices que vous utiliserez.
- Les participants et participantes ont également leur style propre. Tenez-en compte lorsque vous créez des sous-groupes ou que vous donnez la parole à quelqu’un.
Environnement sécurisé
De prime abord, brasser des idées au cours d’un atelier n’a rien d’une activité risquée. Après tout, l’activité en elle-même est plus proche du pilotage d’un simulateur de vol que d’un véritable avion. Mais regardons les choses en face : partager de nouvelles idées est en fait redoutablement effrayant. Parce que chaque prise de parole implique de se mettre en avant, se rendre vulnérable et risquer le ridicule.
Pour que chacun et chacune se sente suffisamment à l’aise pour participer et partager ses idées, même les plus farfelues, veillez à créer un environnement sécurisé.
La NASA est une organisation qui s’enorgueillit de cultiver des idées novatrices, et les résultats parlent d’eux-mêmes. En 1997, le Mars Pathfinder a été le premier vaisseau spatial à se poser en utilisant une méthode aussi ingénieuse que contre-intuitive : les airbags. Au lieu de tirer des rétrofusées pour ralentir avant l’atterrissage, le vaisseau inhabité a rebondi plusieurs fois sur la surface de la planète jusqu’à ce qu’il se pose en douceur.
Imaginez la surprise dans les yeux des ingénieurs et ingénieures de la NASA qui n’avaient jamais vu ni même imaginé un vaisseau spatial en train de rebondir. Leur première réaction n’a probablement pas été : « Mais quelle excellente idée ! ». Pour que ce concept audacieux prenne son envol, la NASA a dû rassembler les conditions pour qu’il soit exprimé, affiné, testé et enfin transformé en un système robuste.
Un espace où l’on ose prendre le risque de penser différemment doit être basé sur le respect. Le respect de l’autre en tant que personne dont nous ne voulons pas heurter les sentiments d’une part, et le respect du processus de l’autre. Subtil, le respect du processus requiert quelques explications. Il implique d’abord que vous exposiez clairement aux participants et participantes les règles du jeu. Permettre à toutes les idées de s’exprimer et leur laisser faire leur petit bonhomme de chemin est un élément clé de ce jeu.
En practique :
Définir les règles
- Au début de la session, expliquez ce que vous pouvez attendre les uns des autres.
- Précisez explicitement au groupe qu’il s’agit d’un environnement sécurisé où le respect est essentiel.
- Prenez un moment pour réfléchir ensemble aux raisons pour lesquelles nous étouffons généralement les nouvelles idées (parce que nous nous inquiétons de ce que les autres vont penser de nous, des ressources, etc).
- Définissez une liste de phrases « massue » à éviter, par exemple :
- Ça ne fonctionnera pas
- Ça ne rentrera jamais dans le budget
- Le patron ne sera jamais d’accord
- Nous avons déjà essayé
- Soyons réalistes
- Etc.
- Encouragez les membres du groupe à utiliser « Oui, et… » au lieu de « Oui, mais… ».
Humour
S’amuser pendant une session de créativité est un impératif. Croyez-nous, nous qui traitons la créativité avec le plus grand sérieux depuis des années : une réunion où personne ne rit ne génère que rarement des idées.
L’humour repose sur l’effet de surprise pour susciter une réaction – un choc de perception en quelque sorte. Il nous confronte à nos préjugés et aux idées reçues et nous fait prendre conscience de la façon dont nous pensons. Le même processus mental est à l’œuvre, qu’il s’agisse de « comprendre » une blague ou de recevoir une nouvelle idée : nous rions, nous nous arrêtons pour réfléchir, nous sommes frappés par une révélation.
L’humour aiguise également l’attention, augmente l’énergie, nous aide à nous détendre et crée une connexion entre celles et ceux qui rient. C’est précisément l’état d’esprit requis pour un atelier de créativité.
Ne vous inquiétez pas si vous animez une session et que raconter des blagues n’est pas votre spécialité. L’important est de créer une ambiance dans laquelle, les participantes et participants se sentent à l’aise pour explorer le côté humoristique des choses. C’est évidemment plus facile à instaurer dans une réunion en présentiel plutôt qu’en distanciel, où les rires et les interactions sont moins spontanés.
Conseils pour faire de votre séance de créativité un moment amusant
Pour que les participants et participantes s’amusent, veillez d’abord à prendre du bon temps vous-même : cela déteindra sur le groupe. Choisissez des exercices et un cadre dans lesquels vous vous sentez à l’aise pour gagner en assurance.
Utilisez des dessins animés ou des clips vidéo amusants pour illustrer vos propos tout en apportant une touche de légèreté.
Choisissez des techniques d’animation amusantes. Voici quelques idées pour vous aider à démarrer :
- Notre jeu de cartes « Icebreaker » pour bien démarrer la session.
- Les mots interdits : aidez les groupes à repenser leur (domaine d’) activité.
- Les mini-mondes : explorez des scénarios pour faire émerger et tester des solutions.
- Triturez votre idée : imaginez que votre idée est un objet que vous voulez transformer.
Consultez nos recettes de créativité pour encore plus d’idées !
Doute
Dans la liste des ingrédients, le doute est l’indispensable pincée de sel.
Lorsqu’il s’agit de chercher de nouvelles solutions, le doute n’est pas synonyme de négativité. Au contraire, il permet d’échapper aux schémas traditionnels qui orientent systématiquement nos pensées vers les mêmes conclusions, parfois erronées.
En ce sens, la créativité exige une certaine rigueur scientifique, tout comme la science exige une bonne dose de créativité.
Le doute méthodique ou cartésien consiste, par essence, à remettre en question les hypothèses qui sous-tendent le problème que nous voulons résoudre. À première vue, le type de raisonnement déductif que nous associons au cartésianisme peut paraître aux antipodes de la pensée créative. Mais en réalité, développer de nouvelles perspectives et trouver de nouvelles idées sont les deux faces d’une même médaille.
Le doute cartésien était utilisé en philosophie et en science bien avant que René Descartes ne lui donne un nom. Lorsque Copernic a démantelé la conviction largement répandue selon laquelle l’univers tournait autour de la terre, il a littéralement mis le monde sens dessus dessous.
Qu’est-ce qui l’a amené à remettre en question ce qui était alors considéré comme une vérité immuable ? Il a appliqué sa propre version du doute à la vision géocentrique du monde développée par Ptolémée et l’a trouvée trop artificielle. Sa contre-proposition héliocentrique expliquait mieux les mouvements des astres, déjouant les hypothèses alternatives et défiant la doctrine religieuse de l’époque.
Que nous soyons en quête de vérités scientifiques ou d’idées pertinentes, que nous travaillions en solo ou en équipe, le doute peut nous aider à démonter les idées reçues.
En pratique :
Le doute cartésien en action
La méthode de recherche de la vérité de René Descartes est considérée comme la base de la méthode scientifique moderne.
Voici la démarche à suivre, étape par étape :
- Ne recevoir pour vraies que les informations que nous savons être telles.
- Décomposer ces vérités en petites unités.
- Résoudre d’abord les problèmes simples, puis les problèmes plus complexes.
- Revenir sur l’ensemble pour s’assurer de n’avoir rien oublié.
Exemple : Imaginons que vous soyez sur le point de transférer le siège de votre entreprise à un autre endroit, mais que vous vouliez être certain ou certaine de faire le bon choix. Vous vous asseyez pour appliquer le doute méthodique à votre décision :
- Vous dressez une liste des raisons pour lesquelles vous pensez qu’il s’agit d’un bon choix : le loyer, le quartier… Pour chacun de ces points, vous identifiez les informations sur la base desquelles vous jugez qu’il se positionne favorablement par rapport aux autres.
- Vous répartissez ces points en catégories : coût, mobilité, image de marque, etc.
- Vous commencez par examiner les questions simples (par exemple, la mobilité) et passez ensuite aux questions plus complexes (par exemple, l’image de marque).
- Sur la base de cette analyse, vous examinez la situation dans son ensemble. Vous obtenez une liste d’avantages et d’inconvénients, ainsi qu’une liste de points qui ne sont pas clairement définis. Vous décidez de la façon dont vous allez trancher, quelles sont vos priorités et quels risques vous êtes prêt ou prête à accepter.
Rigueur
Ce point découle logiquement du précédent : le doute et la rigueur sont le sel et le poivre de votre cuisine créative.
La créativité a autant besoin de liberté que de contraintes. Appliquer la rigueur à la créativité, c’est imposer la contrainte de la réalité. Être rigoureux, c’est être minutieux : la véritable ingéniosité prend racine dans l’analyse et l’examen attentif des faits et des règles.
Vous connaissez peut-être la merveilleuse histoire de la découverte fortuite qui a conduit au développement des antibiotiques. En 1928, Sir Alexander Fleming, qui n’était encore qu’un technicien de laboratoire quelque peu négligent, a oublié de ranger des plaques de culture laissées sur une paillasse de son laboratoire avant de partir en vacances en famille dans le Suffolk.
À son retour, il a fait une découverte surprenante. Une des cultures était contaminée par de la moisissure, ce qui avait empêché le développement de staphylocoques sur la plaque. « C’est drôle », aurait-il remarqué. Il identifiera plus tard la moisissure comme appartenant au genre Penicillium. Le premier antibiotique au monde était né.
En quoi le fait d’oublier de ranger un laboratoire avant de partir en vacances est-il un exemple de rigueur créative ?
En réalité, il a fallu plus qu’un heureux hasard pour découvrir la pénicilline. Il a également fallu un expert ayant une connaissance approfondie des processus biologiques qu’il observait, un esprit prêt à admettre la possibilité que ce qu’il appelait « moisissure » puisse changer la façon dont nous guérissons les maladies, et un scientifique qui étudierait rigoureusement sa propre hypothèse.
La rigueur est essentielle pour ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut de la rigueur pour s’atteler à la tâche et l’accomplir sans prendre de raccourcis.
Conseils
pour appliquer la rigueur à la créativité
- Respectez et suivez le processus de création comme vous le feriez pour n’importe quel autre processus.
- Utilisez le doute méthodique, l’enquête approfondie et l’analyse rigoureuse pour assurer le bon déroulement de ce processus et le catalyser.
Préparation
La préparation fait partie intégrante du processus de création. Selon l’ouvrage de référence The Art of Thought, publié par le psychologue social anglais Graham Wallas en 1926, il existe quatre étapes dans la formation d’une nouvelle pensée :
- Préparation : le problème est examiné sous tous ses angles
- Incubation : une période de traitement inconscient
- Illumination : l’idée émerge (le moment « eurêka »)
- Vérification : l’idée est testée
Des quatre étapes, la préparation est la seule sur laquelle nous puissions exercer un certain contrôle. À ce stade, nous préparons le terrain pour que les phases suivantes se mettent en place. Plus nous accomplissons cette tâche avec diligence, plus il est probable que la phase d’incubation débouche sur une illumination.
Une partie du travail qui a lieu pendant la phase de préparation consiste à définir le problème lui-même. Einstein aurait dit : « Si j’avais une heure pour résoudre unproblème, je passerais 55 minutes à essayer de le définir. » Même si cette phrase n’est probablement pas de lui, elle n’en reste pas moins pleine de vérité.
Si vous réunissez des personnes issues de toutes les branches de votre organisation pour régler un problème, la manière dont vous définirez le problème aura un impact sur les résultats. Vous serez probablement en mesure de mieux orienter la discussion si vous commencez à vous pencher sur cette question avant de commencer la séance.
Plus généralement, le fait de bien vous préparer vous aidera à obtenir de meilleurs résultats. Vous pourrez plus facilement vous détendre et vous concentrer sur les exercices les plus appropriés.
Conseils
pour préparer une session de créativité
- Prévoyez du temps pour réfléchir à la configuration et donnez aux participantes et participants l’espace nécessaire pour se mettre dans le bon état d’esprit.
- Adaptez les exercices aux résultats attendus.
- Prenez le temps de formuler la question à laquelle vous chercherez à répondre avec le groupe au cours de la session.
D’autres mets à vous mettre sous la dent
Maintenant que vous avez rassemblé les ingrédients, éminçons les idées
Toute équipe peut trouver des solutions créatives, même celles qui sont convaincues du contraire. En utilisant les outils adéquats dans les bonnes conditions, les processus créatifs peuvent émerger en tous lieux et entre tous les types de profils.
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Qu’y a-t-il au menu de votre dîner de créativité ?
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