Oui, s’il vous plaît, faites-moi un dessin

Bien avant l’invention de l’écriture, les hommes et femmes des cavernes dessinaient des croquis pour raconter des histoires. Cette pratique a sensiblement évolué lorsque les Égyptiens ont commencé à utiliser des pictogrammes pour symboliser des significations. 

Est-ce que les choses ont changé depuis ?     

Il suffit de voir le succès des émojis pour mesurer à quel point le dessin fait encore partie intégrante de nos modes de communication.

Le dessin nous aide à transmettre des messages. La présence de dessins ne signifie pas qu’une présentation ou un texte est défectueux. Bien au contraire. C’est le signe d’une volonté de faire passer un message de manière plus globale. Une manière claire, qui fait appel aux émotions et qui parle toutes les langues.

Au sein des organisations, les dessins sont d’autant plus utiles qu’ils permettent de saisir et d’exprimer l’essence des choses.

Aller à l’essence des choses, c’est un peu comme peler un oignon. Ou élaguer.  C’est éliminer tout ce qui n’est pas directement pertinent pour le sujet en question jusqu’à atteindre ce qu’il y a de plus simple. Jusqu’à atteindre ce point où, si vous continuez à élaguer, vous mettez en péril la capacité de quiconque à comprendre quoi que ce soit. C’est à ce moment-là qu’il faut commencer à dessiner.

 

Pourquoi dessiner ?

Une fois que vous avez saisi l’essentiel dans un dessin, vous êtes bien placé pour faire en sorte que votre réunion aboutisse à des résultats concrets. Les dessins vous aideront à mieux expliquer vos idées. Ils aideront votre équipe à se mettre d’accord sur une même représentation de la réalité. Ils permettront de donner vie à vos idées pour les tester. De voir les choses différemment quand vous commencerez à tourner en rond. Et de mieux mémoriser les informations. 

Les dessins aident à mieux expliquer

Les dessins peuvent exprimer une idée, ou un ensemble d’idées, d’une manière qui clarifie en un instant ce que les mots ont parfois du mal à exprimer.

Un dessin est une simplification du monde qui nous entoure. Ce que nous voyons est traité par notre cerveau et en le dessinant, nous le stylisons. Nous extrayons l’essence pour transmettre l’essentiel.

Cette stylisation, ou simplification si vous préférez, permet de délivrer un message plus synthétique et plus clair à un public, quel qu’il soit.

Les dessins mettent sur la même longueur d’onde

Un dessin permet de mettre tout le monde d’accord sur une représentation de la réalité.

Prenons l’exemple d’un organigramme. Peu de choses sont aussi vagues que la description d’un organigramme sans visuel à l’appui. Avec un visuel, la description devient limpide. Vous pouvez même vous servir de ce visuel comme point de départ d’une discussion. 

Les dessins favorisent le consensus, qu’il s’agisse de partager la même représentation d’une idée ou de faire passer des messages entre différentes cultures.

Chaque langue est différente, mais les dessins ne connaissent pas de frontières. Le son émis par un coq est très différent d’une langue à l’autre. Mais le dessin d’un coq qui caquète est compréhensible partout. 

Les dessins sont agiles

Un stylo et une feuille de papier suffisent pour jeter les bases d’une idée. Une nouvelle stratégie, par exemple. Ou un nouveau produit. Une fois que vous aurez dessiné les contours de votre idée, même si c’est sous forme de carte, vous pourrez plus facilement en repérer les faiblesses et les incohérences. 

“Fail fast” est l’un des principes les plus importants de la méthode agile. Ce principe invite à faire des erreurs en début de processus pour limiter la perte de temps et réduire le coût de l’échec. Dans certaines industries, ce principe est formalisé dans une phase appelée prototypage rapide. Cette phase commence par un dessin, en fait. Un dessin qui vous permet de tester votre idée et de voir où elle échoue, sans aucun risque.

Les dessins aident à la rétention d’informations

Vous avez déjà vécu, en regardant un dessin, ce moment où vous vous rendez compte que, soudain, vous voyez la réalité différemment ?

Les dessins permettent de surprenants changements de perspective sur les choses. Ce qui est exactement l’essence de la créativité.

La créativité est la capacité à faire l’expérience de ce qu’on appelle un « choc de perception », c’est-à-dire l’aptitude à déceler de nouveaux agencements parmi les éléments qui étaient là depuis toujours. Pour développer cette capacité créative, il faut trouver les moyens de déstabiliser notre esprit pour lui permettre d’explorer des voies qui lui étaient jusque-là inconnues.

Les dessins font partie de ces moyens.

Les dessins aident à mémoriser les informations

Vous avez esquissé votre idée, vous l’avez expliquée à votre équipe, vous vous êtes toutes et tous mis d’accord sur la même représentation du problème, vous l’avez testée dans un environnement plausible, vous avez essuyé un échec, et vous avez eu une deuxième idée, que vous avez représentée dans un deuxième dessin. Soyez sûr que votre équipe se souviendra des deux dessins bien plus longtemps que de vos explications. 

Lorsqu’une information est donnée oralement, il n’y a que 10 % de chances que l’auditoire s’en souvienne 72 heures plus tard. Si on ajoute une image, ce chiffre passe à 65 %. Ce phénomène est connu sous le nom d’effet de supériorité de l’image. Et croyez-nous, les estimations sont assez justes. 

Une entrée en matière

Maintenant que nous vous avons donné suffisamment de bonnes raisons de commencer à dessiner, voici quelques conseils pour vous mettre sur la bonne voie.

Pour commencer

Il vous suffit de quelques carrés, cercles et lignes pour dessiner quelque chose que tout le monde peut comprendre.

L’objectif n’est pas de réaliser un Caravage, mais de communiquer vos idées.

 

Commencez par identifier les éléments essentiels, les plus fondamentaux de votre idée. Puis dessinez-en un croquis. Vous verrez, votre croquis sera bien plus efficace qu’une illustration complexe.

N’ayez pas peur de combiner vos croquis avec des mots. Ça aide à structurer vos pensées et donne un contexte au message que vous essayez de transmettre.

Passez au niveau supérieur

Dessiner un pictogramme n’a rien de très sorcier. Mais combiner ce pictogramme avec d’autres images pour exprimer un concept requiert des compétences. Des compétences non pas en dessin, mais en synthèse et visualisation.

Pour structurer votre illustration, n’hésitez pas à utiliser des flèches et des couleurs.

Outre ce qu’il représente de manière évidente, un pictogramme peut avoir différentes significations. Pour que votre public comprenne bien ce que vous voulez dire, n’hésitez pas ajouter un peu de contexte.

 

Racontez une histoire

Si vous souhaitez transformer une ou plusieurs listes de pictogrammes en une seule illustration, vous allez devoir ordonner les éléments dont vous disposez dans une histoire.

Une histoire est un récit au sujet de quelque chose (personnage principal) qui est raconté à quelqu’un (public) dans un certain but (objectif). Assurez-vous de savoir ce que vous allez dire, à qui et pourquoi avant de commencer.

En termes de structure, une histoire est une succession d’événements qui a un début, un rebondissement, une série de bouleversements et une fin. Ordonnez les éléments de votre histoire selon cette séquence pour en faire un récit solide.

Pour rendre votre histoire attrayante, choisissez une métaphore qui reliera tous les éléments visuels entre eux. Le Roi Lion, Apollo 13, la vie sur terre. Tous peuvent expliquer l’histoire de votre projet/produit/entreprise, quoique de manière assez différente…

N’oubliez pas de simplifier votre message lorsque vous le pourrez. Acceptez que vous ne puissiez pas tout dessiner, que vous deviez laisser de côté certaines parties que votre public pourra compléter. Cette technique, appelée ellipse, permettra à votre public de saisir l’essentiel de ce que vous essayez de transmettre. 

Les ressources

La banque de pictogrammes

Maintenant que vous avez appris les rudiments de l’illustration, voici quelques pictogrammes pour commencer. Essayez de les copier. Et une fois que vous en aurez maîtrisé la reproduction, n’hésitez pas à les tordre, à les combiner et à les modifier à votre guise. Surtout, n’hésitez pas à créer les vôtres. 

 

À deux, c’est mieux

Est-ce qu’on est en train de dire qu’il ne faut compter que sur les images pour communiquer ? Non. Contrairement à ce que dit le proverbe, une image ne vaut pas toujours mille mots. Il faut un peu des deux pour  communiquer efficacement. Ne serait-ce que parce que les images et les mots s’adressent à des parties différentes de notre cerveau.

Le cerveau droit, plus visuel et intuitif, est connu pour sa capacité de synthèse, tandis que le cerveau gauche, plus verbal, est réputé pour sa capacité d’analyse. Les deux hémisphères sont complémentaires et d’égale importance. Lorsqu’ils travaillent ensemble, l’expressivité des images entre en résonance avec la séquentialité des mots. C’est là que la magie opère. 

Voilà exactement ce que nous vous encourageons à faire. De la magie, avec des mots et des dessins.

Comme la plupart des personnes dans votre situation, vous avez beaucoup entraîné votre cerveau gauche. Il est maintenant temps d’explorer ce que l’hémisphère droit peut ajouter à la partie. Commencez à entraîner vos capacités synthétiques par le dessin et laissez la magie opérer.

Si vous êtes bloqué, nous serons évidemment ravis de faire fonctionner nos cerveaux avec les vôtres.

Après tout, à deux, c’est mieux.